Blanche Acétylène Blanche Acétylène Blanche Acétylène

Blanche Acétylène

Le 26 novembre 1918. Ô la putain de guerre, t’as raté Jack ! Voilà Vaché tout à sa fureur. Et avec lui, la blanche acétylène plein les narines, on se faufile parmi nos beaux whiskys, ça se pâme. Embrasements. Eh quoi, le siècle à la renverse.

Blanche Acétylène ! Ou le texte bath, dont les encres se picolent au front, entre deux obus. Et l’irisé qui s’affiche sous la forme d’un placard abrupt, disponible dans son format original A3 pour être lu, imprimé, placardé.

Ta main, Harry, elle a plié novembre ! Et ta correspondance qui se fait prophétesse des Années folles :

  • au vieux Lewis : « — La guerre va, paraît-il, finir — Ce me semble un peu mythique — et puis, au milieu de la mauvaise saison, c’est ennuyeux — Mais qu’y faire ? »
  • au paternel : « Ouf ! Il me semble que voilà l’onomatopée qui traduit le mieux le sentiment d’une foule de gens sur l’armistice — et le mien. J’aurais toutefois cru le vieux Kaiser plus beau joueur vers la fin de la partie — »
  • au général en chef des armées (André Breton) : « Dans quel affalement me trouva votre lettre ! — Je suis vide d’idées, et peu sonore, plus que jamais sans doute enregistreur inconscient de beaucoup de choses, en bloc — Quelle cristallisation ?… je sortirai de la guerre doucement gâteux, peut-être bien, à la manière de ces splendides idiots de village (et je le souhaite)… ou bien… ou bien… quel film je jouerai ! — Avec des automobiles folles, savez-vous bien, des ponts qui cèdent, et des mains majuscules qui rampent sur l’écran vers quel document !… Inutile et inappréciable ! — Avec des colloques si tragiques, en habit de soirée, derrière le palmier qui écoute ! — Et puis Charlie, naturellement, qui rictusse, les prunelles paisibles. Le Policeman qui est oublié dans la malle ! ! — »
Blanche acétylène

 

Jacques Vaché

Blanche Acétylène !

26 novembre 1918

— Blanche Acétylène !

Vous tous ! — Mes beaux whiskys — Mon horrible mixture ruisselant jaune — bocal de pharmacie — Ma chartreuse verte — Citrin — Rose ému de Carthame —

Fume !

Fume !

Fume !

Angusture — noix vomique et l'incertitude des sirops — Je suis un mosaïste.

...« Say, Waiter — You are a damn'fraud, you are — »

Voyez-moi l'abcès sanglant de ce prairial oyster ; son œil noyé me regarde comme une pièce anatomique ; Le barman me regarde peut-être aussi, poché sous les globes oculaires, versant l'irisé, en nappe, dans l'arc-en-ciel.

OR

l'homme à tête de poisson mort laisse pendre son cigare mouillé. Ce gilet écossais ! —

— L'officier orné de croix — La femme molle poudrée blanche bâille, bâille, et suce une lotion capillaire — (ceci pour l'amour.).

— « Ces créatures dansent depuis neuf heures, Monsieur. » — Comme ce doit être gras — (ceci pour l'érotisme, voyez-vous.).

— alcools qui serpentent, bleuis, somnolent, descendent, rôdent, s'éteignent.

Flambe !

Flambe !

Flambe !

MON APOPLEXIE !!

N.B. — Les lois, toutefois, s'opposent à l'homicide volontaire — (et ceci pour morale... sans doute ?).

(.Harry James.)

Blanche acétylène
par La Cyberpoétique
passé historique futur