C’est avec l’idée d’anarchitecture et la pensée perspectiviste du groupe La Colonne Horizon que nous introduisons une nouvelle déclinaison de nos antilivres, de cette volonté que le texte tempête, se partage, forge son devenir graphique, se placarde pour clamer sa puissance cybernétique : les placards abrupts.

Ce placard est disponible dans son format original A3 pour être lu, imprimé, placardé.

Quarante-trois points pour un perspectivisme anarchitectural

par La Colonne Horizon

0. La lumière devient la lumière pour l’être qui ne s’y limite pas.
1. La transparence construit une idéologie des surfaces.
2. La transparence représente la vérité qui empêche la multiplication des visions de l’être.
3. La transparence se pare du mensonge de la clarté, masque les ombres révélatrices.
4. La transparence joue de reflets pour se jouer du réel.
5. La transparence ne révèle point de perspectives pour l’être qui se situe à la suite de l’horizon.
6. La transparence cloisonne l’être, parce qu’elle sépare de ce qu’elle prétend révéler.
7. La transparence doit être combattue avec la clairvoyance de l’œil qui entend les ombres.
8. La fenêtre manifeste sa clarté en l’image de la fenêtre.
9. La fenêtre obstrue le réel en le hiérarchisant, puisque toute hiérarchie demeure déformation animale.
10. La fenêtre cache la matière en la trahissant.
11. La fenêtre n’a pas d’ombre sincère.
12. La fenêtre s’étire pour étirer son autorité.
13. La fenêtre exprime la vulgarité d’une liberté planifiée face à la fatalité de la poterne.
14. La fenêtre est un royaume de la transparence qui appelle à la révolution des ombres.
15. Le seuil n’a pas de finalité, il est un monde mouvant qui se déploie entre les représentations.
16. Le seuil est en soi la traversée dans l’œil qui le contemple.
17. Le seuil nie la négation d’une géométrie qui dispose.
18. Le seuil développe l’imaginaire en deçà de l’ordinaire.
19. Le seuil a l’introspection des marges.
20. Le seuil propage les perspectives pour l’être qui se métamorphose en seuil.
21. Le seuil forge des dimensions nouvelles dans l’abandon de l’unité.
22. Le mur se répand en divisions de l’univers.
23. Le mur laisse davantage d’autonomie à la lumière que le verre.
24. Le mur glorifie en son apparence la matière qui cache.
25. Le mur conte, tandis que la vitre dicte.
26. Le mur compose la cité en disposant l’obstacle à surmonter.
27. Le mur interprète l’absence de ce qui prime en guidant la marche céleste de l’espace.
28. Le mur ordonne l’horizon.
29. L’obscur s’offre à qui voit par-delà les murs.
30. L’obscur détruit le divertissement pour instituer la tragédie en langage.
31. L’obscur se place dans le renversement de la géométrie.
32. L’obscur sculpte l’indestructible instant qui affirme la volonté de bâtir le temps en tant qu’espace.
33. L’obscur se montre à la lumière du cachot, chante la ruine.
34. L’obscur structure la dispersion de ce qui progresse, s’efface déjà.
35. L’obscur griffe l’œil qui se retourne en lui-même, en extension de son espace.
36. L’œil se trouve dans le regard des sables.
37. L’œil qui s’est initié à se taire peut édifier le foyer.
38. L’œil évide le temps qui dénie sa ruine, il délie la flamme de la pierre.
39. L’œil dresse le mur, abat le mur, en fait le seuil d’une lumière qui se présente en avant de l’être.
40. L’œil a la puissance de devancer la lumière pour façonner le feu en une révolution.
41. L’œil attise l’autonomie de sa puissance lorsqu’il accepte qu’elle se situe en l’obscur.
42. L’œil obscur devient la lumière qui anarchitecture la cité par sa pratique dialectique.